Nous sommes d’avis que les grèves étudiantes constituent une composante essentielle du droit à la liberté d’association dans le milieu étudiant. À ce titre, nous sommes d’avis que cette répression judiciarisée du mouvement étudiant est contraire à l’esprit, sinon la lettre de la Charte canadienne des droits et libertés (Loi constitutionnelle de 1982, annexe B de la Loi de 1982 sur le Canada (R-U), 1982, c 11) ainsi que la Charte québécoise des droits et libertés (L.R.Q., chapitre C-12).  Nous sommes d’avis que ce recours aux tribunaux porte atteinte aux droits d’association, d’expression et pourrait constituer une mesure discriminatoire fondée sur les convictions politiques pour les étudiants qui se sentent liés par le vote démocratique de leur association étudiante.

Cette judiciarisation du mouvement de grève a pour effet de créer un climat de confrontation et s’inscrit en faux avec les votes démocratiques des associations étudiantes. De plus, elle risque de places les professeur-E-s et chargé-E-s de cours dans une situation conflictuelle et insoutenable qui portent de graves atteintes aux principes démocratiques qui devraient pourtant être préconisés par les institutions post-secondaires.

Rappelons qu’une grande partie des associations étudiantes visées par ces procédures sont constituées en vertu de la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves et d’étudiants, (L.R.Q., chapitre A-3.01) qui fut promulguée en 1983 à la suite d’une grève étudiante. Nous estimons que les tribunaux devraient se sentir liés par l’article 4 de cette loi, qui garantit le droit de chaque étudiantE de faire partie d’une association d’élèves ou d’étudiants de son choix et de participer à la formation de cette association, à ses activités et à son administration. Malgré ce que plusieurs laissent entendre, la grève n’est pas un droit conféré aux seuls travailleurs et ne fut pas créé par le Code du travail. Le droit de grève constitue une mesure de contestation élevé au rang des droits fondamentaux à l’échelle internationale par sa reconnaissance dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui date de 1966, qui fut par ailleurs ratifié par le Canada.  Ainsi, les votes de grève, qui sont l’expression d’une volonté démocratique devraient être respectés et leur exercice, protégé.

Nous saluons les professeur(e)s, enseignant(e)s, chargé(e)s de cours qui respectent les votes démocratiquement tenus par les étudiant(e)s.  Nous rappelons que la solidarité est le meilleur outil contre la répression, que ce soit judiciaire ou politique.