Après une campagne électorale axée sur les « vraies affaires » et sur l’épouvantail référendaire, Philippe Couillard et ses ministres Leitao et Coiteux, ont choisi de faire entrer les Québécois dans une ère d’austérité. Dans cette entreprise de déconstruction des acquis et du modèle québécois dont nous ne sommes encore qu’à l’aube, les mots « austérité » et « réingénierie », trop susceptibles de soulever l’ire du peuple, sont remplacés par « rigueur » et « transition ». N’en soyons pas dupes.

L’AJP déplore le choix du gouvernement libéral de se tourner vers l’augmentation des tarifs et de certaines taxes sur des produits de consommation courante (notamment le vin et le tabac), plutôt que de recourir à l’outil par excellence pour assurer une distribution plus équitable des ressources dans notre société, le maintien des services essentiels et primordiaux au bien-être de tout un chacun et, pour reprendre une expression si chère à ce parti, permettre à chacun de faire sa « juste part »: l’impôt progressif sur le revenu des personnes physiques et morales.

Notamment, l’AJP est perplexe devant le choix du gouvernement d’indexer les tarifs des garderies à 7 $, non pas même à l’inflation, mais au taux de croissance du coût des services de garde. Ce qui représente une hausse de 4,3 % cette année pourrait monter à des niveaux stratosphériques dans les prochaines années, le ministre Leitao ayant lui-même confirmé que si le coût des services explose, le tarif explosera également. Cela s’ajoute au report aux calendes grecques (2020-2021) de la création de nouvelles places subventionnées en garderies, alors que de nombreuses familles croupissent toujours sur les listes d’attente. Or, ce sont particulièrement les familles démunies et de classe moyenne qui seront touchées quotidiennement par ces mesures, sans compter que cela n’est pas de nature à aider les femmes à réintégrer le marché du travail après la naissance d’enfants. L’AJP estime qu’il s’agit d’un choix contre-productif, a fortiori dans un contexte où la création d’emploi et la stimulation de l’économie sont censées être au cœur des préoccupations du gouvernement.

Par ailleurs, l’AJP remarque que le gouvernement fait du surplace en matière de lutte à l’évasion fiscale. Le gouvernement Couillard mise sur l’augmentation des contrôles dans l’industrie de la construction ainsi que sur l’installation de modules d’enregistrement des ventes dans les bars et restaurants et sur l’accélération du traitement judiciaire des dossiers pénaux en matière financière, le tout pour rapatrier un maigre 60 millions de dollars dans les coffres de l’État. Cette dernière initiative inclut une hausse du nombre d’enquêtes sur les bénéficiaires d’aide sociale. Parallèlement à cela, on ne trouve pourtant aucune mesure visant à bonifier l’aide sociale de dernier recours, le budget du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale étant plutôt amputé de 92 millions de dollars, des compressions qui s’appliquent notamment aux mesures d’aides à l’emploi. L’AJP exhorte le gouvernement à faire ses devoirs et à prendre des mesures pour récupérer les centaines de millions de dollars qui échappent aux Québécois en raison de la planification fiscale agressive et du recours aux paradis fiscaux d’entreprises et de citoyens très bien nantis.  L’AJP rappelle que si le gouvernement ne le fait pas, c’est qu’il fait le choix idéologique de faire payer à la population la croissance de la richesse de ces mieux-nantis, rien de plus. L’AJP invite la population à se mobiliser massivement pour s’opposer à ce budget et à l’idéologie qui le sous-tend dans la poursuite du bien commun.