En cette journée internationale des femmes, l’Association des juristes progressistes tient à rappeler que beaucoup reste encore à accomplir avant de parler de véritable égalité entre les hommes et les femmes.

Certes, cette journée du 8 mars peut servir à souligner les luttes passées et les femmes qui les ont durement menées.  Il ne faut jamais oublier que le chemin parcouru a été ardu et rempli d’obstacles.  Aucun droit, que ce soit le droit de vote ou le droit au divorce, n’a été donné aux femmes sur un plateau d’argent.  La remise en question des privilèges masculins et les revendications pour l’égalité des femmes ne vont jamais de soi, peu importe le lieu et l’époque. Que ce soit par les saccages des bureaux de vote, les manifestations ou les grèves de la faim, des femmes ont lutté et ont souvent chèrement payés les avancées dont nous bénéficions toutes aujourd’hui.

Mais il faut éviter de tomber dans l’idée qu’ici, au Québec, tout est gagné.

Plusieurs batailles restent à faire.

Nous pouvons penser notamment au contrôle du corps des femmes qui demeure un enjeu de taille et se manifeste très souvent par des phénomènes plus sournois et plus subtils.  Cette inégalité n’est pas inscrite dans un texte de loi.  Elle est invisible et profondément ancrée dans les mentalités.  Elle demeure reléguée à la sphère privée, aux relations interpersonnelles.

Notons par exemple la remise en question constante du droit à l’avortement par des projets de lois privés provenant des députés conservateurs, qui ne criminalisent pas directement ce droit mais qui en restreignent l’accès ou culpabilisent les femmes qui font ce choix.  Il faut éviter de croire que le droit des femmes à décider de leur corps est garanti.  Il nous suffit de souligner la bataille que mènent actuellement les femmes espagnoles, alors que le gouvernement souhaite restreindre radicalement l’accès à l’avortement pendant les 14 premières semaines de grossesse. Cet exemple nous permet de croire qu’ici comme ailleurs, ce droit est constamment menacé et qu’il ne suffit que d’une décision gouvernementale pour le mettre sérieusement en danger.

La notion de consentement à une relation sexuelle demeure toujours un concept flou et encore aisément remis en question.  Au Canada, une femme sur quatre subira une agression à caractère sexuel au cours de sa vie[1].  À toutes les 17 minutes, un geste d’agression est commis envers une femme[2].  Ces statistiques ne concernent que les cas qui sont officiellement dénoncés aux autorités.  Ces chiffres parlent d’eux-mêmes et illustrent bien tout le travail à faire en matière d’égalité.

La journée internationale des femmes doit servir de levier pour dénoncer le mythe de l’égalité déjà atteinte.  Il doit servir le devoir de mémoire, certes, mais aussi à nous rappeler qu’au Québec, en 2014, il nous reste toujours un long chemin à parcourir avant de parler de véritable égalité, en théorie comme en pratique.

 



[1] DOCUMENT D’INFORMATION ET DE RÉFLEXION SUR LES AGRESSIONS À CARACTÈRE SEXUEL ET SUR LES CALACS, Regroupement québécois des CALACS, publié en 1993 et mis à jour en 2000,

[2] Ibid.